Confié au cabinet W/M ARCHITECTES basé à Annecy suite à l’appel à projet lancé ces derniers mois, L’Esquisse, le tiers-lieu dédié à la vie associative, citoyenne et culturelle, sort de terre ! Ce bâtiment conçu de manière modulable fera la part belle à des espaces de partage, de travail, de convivialité et d’animation pour tous les âges en favorisant le « bien-vivre ensemble ». On vous dit tout !

Pourquoi ce tiers-lieu ?

En plus de la montée en gamme de l’offre culturelle, L’Esquisse est une véritable pierre angulaire d’une stratégie plus globale d’anticipation des besoins des grésyliennes et des grésyliens. En effet, ce lieu est indispensable à la commune pour accompagner l’évolution démographique de notre territoire. Tout d’abord puisqu’il va permettre par un savant jeu de chaises musicales, la création de 4 classes à l’école élémentaire de manière rapide afin de stabiliser son fonctionnement. De même, les locaux associatifs libérés dans le bâtiment de l’ancienne école pourront être utilisés par l’ACEJ pour faire face aux besoins d’accueil toujours croissant des familles qui travaillent. Des locaux seront encore disponibles pour une potentielle école mixte à plus long terme. On peut ajouter à cela l’optimisation énergétique qu’il va apporter par le regroupement sous le même toit de plusieurs usages communaux et la destruction ultérieure rendue ainsi possible des bâtiments « passoires thermiques » qu’il reste sur la commune (salle de la Sarraz et Maison des associations).

Mais comment cette structure va-t-elle s’intégrer dans la vie grésylienne ?

Visant à favoriser le vivre-ensemble tout en enrichissant l’offre artistique déjà présente sur le territoire, L’Esquisse s’articulera autour de 3 pôles.

Un pôle culture : La bibliothèque actuelle prendra une autre dimension en devenant une médiathèque avec différents espaces de lecture, un kiosque à journaux, des espaces de convivialité et de travail. Le numérique aura également toute sa place dans ce lieu. Une ludothèque sera également développée avec, notamment, des jeux de société. Ce lieu traditionnellement dédié aux livres deviendra un lieu à vivre, propice à rassembler les habitants autour de multiples activités. L’accueil du futur bâtiment sera également un espace d’exposition.

Un pôle associatif & vie sociale : Deux salles d’activités modulaires seront ainsi créées pour relocaliser certaines associations. Ces salles pourront également servir d’espace de conférence. Une salle de réunion sera également proposée. Enfin, une des principales demandes des associations est la possibilité de disposer de box individualisés : cela sera chose faite. Autant d’équipements indispensables au service des associations Grésyliennes et de leur centaines d’adhérents.

Un pôle de création musique & images : Le développement du numérique, notamment l’apprentissage en autonomie sur internet, renforce le besoin d’espaces de pratique collective ou individuelle. Ainsi, nous retrouverons dans ce pôle 3 studios d’enregistrement, de répétition et un plateau image afin de réaliser des clips vidéo. Des salles d’initiation à la pratique musicale seront également proposées. L’objectif est d’accompagner les musiciens, amateurs ou semi professionnels, mais également les associations ou citoyens qui le souhaitent, dans leurs projets, soutenir l’expérimentation et l’émergence de projet culturels par la mise en réseau des acteurs. Il s’agit ici de l’élément différenciant de ce ‘’tiers-lieu’’ où la demande est forte et croissante sans que le bassin de vie dispose d’un tel outil.

Nous avons rencontré Yves Mugnier, l’architecte du tiers-lieu qui a répondu à nos questions. Découvrez cet échange !

L’Esquisse sera un bâtiment situé au sein du futur cœur de vie de la commune. Comment l’intégration dans son environnement a-t-elle été réfléchie ?

YM : « Ce projet représentait un challenge car il s’agit ici de concevoir un bâtiment qui constituera la première pierre du futur cœur de vie. La plupart du temps, c’est l’espace environnant qui détermine la structure d’un projet architectural, par les immeubles, les parcs, et autres éléments bâtis. Ici, au contraire, l’ensemble de ce quartier est à concevoir. Nous devions donc imaginer le gabarit de ce projet au sein d’un environnement flottant, ce qui n’est pas toujours chose aisée. Toutefois, la future proximité du bâti habitable a été un facteur déterminant dans la conception du projet. Le volume le plus haut a donc été placé vers le nord et la partie basse orientée vers le sud pour ne pas avoir un aspect trop massif sur les alentours qui pourrait pas générer un vis-à-vis trop marqué. Nous avons conçu L’Esquisse comme la porte d’entrée du futur centre-ville. La forme en « L » de l’édifice ferme la place sur le côté nord et structure le vide en orientant l’espace selon une dynamique d’évasement, en direction du sud. Cet élément urbain va être l’articulation de tout cet espace public en devenir. »


Quel a été l’esprit architectural insufflé dans ce projet ?

YM : C’est encore cet aspect urbain qui prédomine ici et oriente notre démarche. Nous souhaitions un projet architectural en adéquation avec son environnement. Nous l’avons conçu sobre, sans une multitude de matériaux ni de couleurs afin d’opter pour quelque chose de neutre. Cela favorise sa bonne intégration au sein de ce prochain quartier largement végétalisé. Nous souhaitions un aspect de façade dynamique par un jeu de reflets changeants selon la réflexion de la lumière et l’endroit où se situe le promeneur. L’idée ? Voir le bâtiment évoluer quand on tourne autour, d’en avoir une perception changeante selon l’angle de vue. Les matériaux qui seront utilisés restent encore à définir mais nous souhaitons que leurs textures et teintes puissent faire échos avec Le Revard qui est visible dans le paysage. Cela facilitera par ailleurs l’intégration du tiers-lieu dans un environnement à dominante verte. »

©Julien Bruno-Mattiet / Projection, vue intérieure

Il est désormais indispensable de concevoir des bâtiments limitant leur impact sur l’environnement extérieur, quelle sera la qualité environnementale propre à cette réalisation ?

YM : « En toute cohérence avec notre démarche, notre choix de matériaux s’est porté sur des éléments biosourcés (issus de la matière organique renouvelable) comme le bois qui a une emprunte carbone assez faible. Nous avons eu une approche bioclimatique, notamment pour la façade sud jouxtant la place publique. L’idée ? Créer une grande pergola qui permettra d’apporter une large surface ombragée pour ne pas souffrir des
fortes chaleurs estivales, facteur non négligeable à prendre en compte désormais. Pour bénéficier d’un maximum de lumière au sein du bâtiment et ainsi limiter les éclairages superflus, nous avons imaginé de grandes surfaces vitrées. Ici encore, pour éviter les désagréments causés par des températures extérieures élevées, des systèmes de protections solaires extérieures et orientables habilleront les fenêtres. Nous avons également beaucoup travaillé sur le confort acoustique pour les futurs usagés. Il nous a fallut agencer les espaces en prenant en compte les contraintes d’isolement et de normes en la matière. Ainsi, le pôle musical, situé au nord, ne surplombera pas la bibliothèque qui nécessite du calme pour le confort des lecteurs. La terrasse belvédère quant à elle sera en partie végétalisée. Cela permettra une rétention d’eau en période de fortes pluies par exemple et participera à tempérer le tiers-lieu. »

Ce projet rassemblera des acteurs culturels, musicaux et associatifs. Comment cet équipement mis au service des citoyens sera-t-il un lieu à vivre ?

YM : « Il y a une articulation des espaces à prendre en compte. Ils se voudront accessibles à tous, certains même indépendamment des heures d’ouverture des locaux. Ce projet étant situé entre la place et le parc urbain, des équipements tels que des bancs et des tables seront installés tout autour du tiers-lieu. Cela lissera la frontière entre l’intérieur et l’extérieur pour permettre à chacun de profiter et s’approprier l’espace public. Par exemple, des gradins pourront être mis en place entre la terrasse accessible du bâtiment et le futur parc à l’occasion d’un spectacle en plein air. Le grand ensemble, visible depuis l’extérieur, créé par la médiathèque, le hall d’exposition et le bistro constitue un lieu dédié au rassemblement. En revanche, les espaces destinés à l’administratif, au Pôle Musique et Image ou aux associations seront orientés vers le nord ou à l’étage pour permettre le tranquillité requise par les usagés. »

©Julien Bruno-Mattiet

Le coût du projet.

D’un montant de 4,65 millions d’€ HT, ce projet est subventionné par :

  • l’Union Européenne, via les Fonds Européens, qui alloue une subvention de 1 641 566 €,
  • la Direction des Affaires Culturelles avec 697 910€
  • le Département de la Savoie qui apporte une aide de 500 000€,
  • l’État au titre du DSIL à hauteur de 400 000 €
  • Grand Lac Agglomération à hauteur de 8 400 €
  • la CAF de la Savoie à hauteur de 5 000€